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Toutes les fois que dans un pays quelconque, en France par exemple, le papier sur l’étranger est coté au-dessus du pair, on dit que le change est défavorable à ce pays, à la France dans l’espèce. — Que veut-on dire par cette expression ? Que le cours du papier est défavorable aux acheteurs ? Sans doute, mais en sens inverse ne faut-il pas dire alors que ce cours est favorable aux vendeurs ? On veut dire que le cours du change dans ces conditions, indique que les créances que la France peut avoir sur l’étranger ne sont pas suffisantes pour faire l’équilibre à ses dettes vis-à-vis de l’étranger et que par conséquent elle aura, pour régler la différence, à envoyer une certaine quantité de numéraire à l’étranger. La hausse du cours du change, autrement dit la cherté du papier sur l’étranger, présage donc, comme un symptôme infaillible, une sortie de numéraire et c’est pour cela qu’on emploie cette expression de « change défavorable ». — À l’inverse, toutes les fois qu’en France le papier sur l’étranger est coté au-dessous du pair, on dit que le change est favorable à la France ; et le raisonnement est le même la baisse du prix du papier sur l’étranger indique que, tout compte fait, la balance des comptes se soldera au crédit de la France et fait donc présager des arrivages de numéraire du dehors.

Sans doute il ne faut pas attacher à ces mots de favorable et de défavorable une importance exagérée. Nous savons que pour un pays, le fait d’avoir à envoyer du numéraire à l’étranger ou d’en recevoir ne constitue ni un très grand péril ni un très grand avantage et qu’en tout cas il ne sera probablement que temporaire (Voy. p. 290). Mais au point de vue particulier des banquiers, cette situation a une très grande importance, car s’il y a du numéraire à envoyer à l’étranger, c’est dans leur caisse qu’on viendra le chercher tous les signes qui la révèlent ont donc pour eux un intérêt capital ; aussi ont-ils toujours les yeux uxéssur le cours du change, comme le marin qui redoute un orage sur l’aiguille du baromètre (Voy., plus loin, De l’élévation du taux de l’escompte).

Toutefois, il est à remarquer que les variations de prix du papier sont renfermées dans des limites beaucoup plus