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de l’État, et alors le billet de banque ressemble tout à fait, il faut l’avouer, au papier-monnaie.

Pourtant, même alors, la troisième garantie demeure, à savoir la personnalité de l’émetteur, et, à elle seule, elle suffit encore pour que le billet de banque soit beaucoup moins sujet à se déprécier que le papier-monnaie. L’expérience l’a si bien prouvé, que les États ont en général renoncé a l’émission directe du papier-monnaie pour recourir à l’intermédiaire des banques. Le public, en effet, pense que les banques résisteront autant que possible à une émission de billets exagérée qu’on voudrait leur imposer, car il y va pour elles de la ruine et il croit, non sans raison, hélas ! que la sollicitude d’une compagnie financière qui a à veiner sur ses propres intérêts est plus vigilante et plus tenace que celle d’un gouvernement ou d’un ministre des finances qui n’a à s’occuper que de l’intérêt public.


 

IX

LE COURS DU CHANGE.


Les portefeuilles de toutes les grandes maisons de Banque — de celles du moins dont les opérations s’étendent l’étranger — sont bourrés de liasses de lettres de change payables sur tous les points du monde. Elles représentent des valeurs de plusieurs milliards et sont l’objet d’un commerce fort actif. On les désigne sous le nom de papier sur Londres, sur New-York, etc., suivant la place sur laquelle ces papiers doivent être payés.

Les banquiers qui les possèdent et qui en font le commerce ne sont évidemment que des intermédiaires. Il faut donc se demander chez qui ils achètent cette marchandise, ce papier, et à qui ils la revendent.

Chez qui l’achètent-ils d’abord ? — Chez ceux-là qui le produisent, chez tous ceux qui pour une raison quelconque sont créanciers de l’étranger, notamment chez les négociants