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VII

DE L’ÉMISSION DES BILLETS DE BANQUE.

L’intérêt d’un banquier, comme de tout commerçant, c’est d’étendre autant que possible ses opérations. En les doublant, il doublera ses bénéfices. Comment faire donc pour les développer le plus possible ?

Si le banquier pouvait créer de toutes pièces des capitaux, sous forme de numéraire, au lieu d’attendre patiemment que le public voulût bien les lui apporter, il est clair que ce serait un procédé infiniment avantageux pour lui.

Or des banquiers eurent l’idée ingénieuse de créer, en effet, de toutes pièces le capital dont ils avaient besoin, en émettant de simples promesses de payer, des billets de banque, et l’expérience a prouvé que le procédé était bon[1]. Il a admirablement réussi.

En échange des effets de commerce qui leur sont présentés à l’escompte, les banques au lieu de vous donner de l’argent vous remettent donc leurs billets. Mais on peut s’étonner que le public accepte cette combinaison. Voici un commerçant qui vient faire escompter une lettre de change de 1.000 francs, et il reçoit tout simplement en échange un autre titre de crédit, à savoir un billet de banque de 1.000 francs. « À quoi cela me sert-il ? pourrait-il dire. C’est, de l’argent qu’il me faut, non des créances créance pour créance, autant aurait valu garder celle que j’ai dans les mains ? » — Mais remarquez que quoique, le billet de banque ne soit en réalité qu’un titre de créance, tout comme la lettre de change, il représente

  1. C’est à Palmstruch, fondateur de la banque de Stockholm en 1656, que l’on attribue cette ingénieuse invention.
    Les anciens banquiers d’Italie et d’Amsterdam émettaient bien des billets, mais ces billets représentaient simplement le numéraire qu’ils avaient en caisse ; c’étaient des récépissés de dépôt.