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de ce capital que pour peu de temps et qui, en quelque sorte, le laissent à sa portée et sous son regard.

Peut-on trouver quelque opération de prêt qui remplisse ces conditions ?

Il en est une qui les remplit admirablement. Quand un commerçant a vendu ses marchandises à terme, suivant l’usage du commerce, s’il vient à avoir besoin d’argent avant, l’arrivée du terme, il s’adresse au banquier. Celui-ci lui avance la somme qui lui est due pour la vente de ses marchandises, déduction faite d’une petite somme qui, constitue son profit, et se fait céder en échange la créance du commerçant sur son acheteur, sa lettre de change. Le banquier serre la lettre de change dans son portefeuille et au, jour fixé pour l’échéance, il l’envoie toucher chez le débiteur ; il rentre ainsi dans le capital qu’il avait avancé.

C’est là ce qu’on appelle l’escompte. C’est une forme de prêt, disons-nous en effet, il est clair que le banquier qui, en échange d’une lettre de change de 1.000 francs payables dans trois mois, avance au commerçant 985 francs pour faire toucher à l’échéance les 1.000 francs chez le débiteur, se trouve en réalité avoir prêté son argent pour une période de trois amis, à 6 % et même un peu plus. Et c’est toujours un prêt à court-terme, car non seulement les lettres de change négociées par le banquier sont payables dans un délai qui, dans l’usage, ne dépasse pas trois mois, mais encore ce délai est un maximum qui, en moyenne, n’est jamais atteint. Les négociants n’ont pas toujours besoin de négocier leurs lettres de change dés le lendemain du jour où ils ont vendu ; il est possible qu’ils les gardent un certain temps en portefeuille, il est possible même qu’ils n’aient besoin de les négocier que la veille de l’échéance. À la Banque de France, le délai moyen pendant lequel les lettres de change restent en portefeuille n’est que de 3 à 4 semaines. Ce n’est donc que pour bien peu de temps que le banquier se dessaisit de l’argent qu’il a en dépôt, puisque dans la courte période de quelques semaines, chaque écu rentre dans la caisse.

Il serait donc difficile de trouver une opération de prêt qui