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vous il ne rapporte rien. Enfin je vous rendrai encore un troisième service, celui d’être votre caissier, de toucher vos revenus, d’encaisser vos coupons et de payer vos fournisseurs sur les indications que vous me donnerez, ce qui vous sera fort commode ».

Là où ce langage est écouté et compris du public, les banquiers peuvent se procurer ainsi, à très bon compte, un capital considérable, en drainant, pour ainsi dire, de la circulation, le numéraire qui s’y trouve disséminé[1]. Nous avons dit maintes fois déjà qu’en Angleterre, par exemple, il est d’usage chez tous les gens riches de ne point garder d’argent chez eux et de tout déposer chez leurs banquiers. S’ils ont un paiement à faire à un fournisseur, à un créancier, ils envoient tout simplement ce créancier se faire payer chez leur banquier, en lui remettant un ordre de paiement rédigé sur une feuille détachée d’un carnet à souches qui s’appelle un chèque. Et cet usage tend à se généraliser par tous pays.


VI

DE L’ESCOMPTE.


Ce capital une fois emprunté à bon compte par la Banque, il s’agit pour elle de le faire valoir en le prêtant au public.

Mais comment le prêter ? Le banquier ne peut le prêtera long terme, sous forme de prêt hypothécaire par exemple, ou en commanditant des entreprises industrielles. Il ne doit pas oublier, en effet, que ce capital n’est qu’en dépôt chez lui, c’est-à-dire qu’il peut être tenu de le rembourser à première réquisition ; par conséquent, il ne doit s’en dessaisir que par des opérations à court terme qui ne lui enlèvent la disposition

  1. Le Journal de la Société de Statistique de Londres (septembre 1884) évaluait déjà à 63 milliards le montant des dépôts recueillis ainsi par les Banques dans le monde entier (dont 24 milliards pour l’Angleterre et ses colonies réunies).