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Il est cependant une troisième opération très distincte des deux autres, quoiqu’au fond elle constitue aussi un mode d’emprunt, c’est l’émission de billets. Pourtant cette opération n’est pas essentielle aux banques : elle est même, le plus souvent, une fonction exceptionnelle et privilégiée qui n’appartient qu’à certaines banques désignées sous le nom de « banques d’émission »[1].

Examinons successivement ces diverses opérations.


V

DES DÉPÔTS.


La première opération du banquier c’est de se procurer des capitaux d’autrui. Sans doute il peut bien se servir de son capital propre, ou de ceux plus considérables qui peuvent être réunis par l’association et qui, dans nos grandes sociétés de crédit, peuvent s’élever à des centaines de millions. Mais si le banquier ne faisait ses opérations qu’avec son capital individuel ou même avec un capital social, il ne ferait que peu de

  1. Les banquiers à l’origine ont été tout simplement des marchands d’argent, des changeurs, comme on dit aujourd’hui. Mais tandis que les changeurs n’ont aujourd’hui qu’un rôle insignifiant dans les villes frontières ou les grands centres, là où les étrangers ont besoin de changer leur monnaie, — au moyen-âge, la multiplicité prodigieuse des monnaies (chaque seigneur avait le droit de faire battre monnaie), la fréquence des falsifications clandestines ou même faites par le souverain lui-même, rendaient très important le rôle de ces boutiques où chacun pût trouver de la bonne monnaie en payant un agio. Dans un petit pays, par exemple, comme la Hollande, où venaient s’accumuler ; par suite de son grand commerce, les monnaies de tous les pays, les commerçants avaient un grand avantage à déposer leur argent à la Banque d’Amsterdam, celle-ci leur garantissait qu’ils recevraient toujours le même poids d’argent, c’est-à-dire une valeur égale à la somme déposée. On faisait le compte en une monnaie idéale qu’on appelait l’argent de Banque. Aussi un crédit sur la Banque représentait toujours une valeur de 8 ou 10 % supérieure à la même somme en monnaie courante (Voy. le célèbre chap. d’Ad. Smith, Liv. IV, ch. 3 sur ce sujet). — Seulement ces banques ne prêtaient pas : elles étaient banques de dépôt, non point encore d’escompte.