tique de cette science et il n’est pas probable qu’elles disparaissent jamais, bien qu’il y ait lieu d’espérer qu’on arrivera à s’entendre sur la véritable signification des faits et ce sera déjà beaucoup.
On peut distinguer dans le mouvement économique et contemporain cinq écoles, cinq tendances, si l’on veut, assez nettement caractérisées.
La première de ces écoles est celle que nous avons déjà citée sous le nom de classique, mais qu’il vaut mieux appeler libérale en raison de la formule fameuse qui lui sert de devise[1]. Mais est-ce bien « une école » ? Ses partisans s’en défendent avec hauteur et prétendent représenter la science elle-même. Ils se donnent à eux-mêmes, et leurs adversaires leur concèdent même le plus souvent, le titre de « économistes » tout court. Il est vrai que les origines de cette école se confondent avec celle de la science économique elle même. Sa doctrine est fort simple et peut se résumer en trois points.
1° Les sociétés humaines sont gouvernées par des lois naturelles que nous ne pourrions point changer quand même nous le voudrions, parce que ce n’est pas nous qui les avons faites, et que, d’ailleurs, nous n’avons point intérêt à modi-
- ↑ Ou orthodoxe comme la qualifient ses adversaires non sans ironie.
Remontant directement par ses origines aux physiocrates et à J.-B. Say, elle a eu pour principaux représentants en France Dunoyer (Liberté du travail, 1845), Bastiat (Harmonies, 1848), Baudrillart, Courcelle-Seneuil et Léon Say, morts récemment, et actuellement M. de Molinari et aussi, malgré quelques dissidences, MM. Paul Leroy-Beaulieu, Levasseur, etc.,— en Amérique, Carey (Science sociale, 1858) et Francis Walker. — Quant aux économistes anglais qui ont succédé aux grands fondateurs dont nous avons déjà parlé et que l’on désigne ironiquement sous le nom d’école de Manchester, tels que Mac-Culloch, Senior, Stuart Mill, Cairnes, ils peuvent être considérés comme se rattachant à l’école libérale, sous réserve toutefois du caractère optimiste qui chez eux n’existe pas comme dans l’école française, mais, en revanche, avec un caractère dogmatique encore plus accentué. Le beau livre de Stuart Mill (Principes d’économie politique, 1848) est le premier où ait passé un souffle socialiste.