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VI

LES DIVERSES ÉCOLES AU POINT DE VUE DES TENDANCES

Ce n’est pas seulement pour la méthode à suivre mais pour les solutions à proposer, que les économistes sont divisés en nombreuses écoles — presqu’autant que les philosophes. C’est incontestablement un signe d’infériorité. Il ne suffit pas de dire, pour se consoler, que l’économie politique n’a guère plus d’un siècle d’existence et que ce défaut passera avec l’âge. D’autres sciences qui ne sont guère plus vieilles, qui ont à peine dépassé une vie d’homme, sont arrivées déjà à constituer un ensemble de principes assez certains pour obtenir l’adhésion unanime de tous ceux qui les cultivent. Mais, comme on l’a fait remarquer souvent, les faits économiques nous touchent de trop près, ils mettent trop en jeu nos intérêts et nos passions pour que les hommes puissent les étudier avec la belle sérénité d’âme d’un astronome contemplant les étoiles.

Les divergences tiennent donc au caractère moral et poli-

    ganes s’acquittent des autres fonctions essentielles à la vie et lui en communiquent les bienfaits. Spencer fait remarquer par exemple « Que la classe qui achète et revend, en gros et en détail, les produits de toute sorte et qui par mille canaux les distribue partout, à mesure des besoins, accomplit la même fonction que dans le corps vivant le système circulatoire ».

    Que le crédit lui-même est indispensable au fonctionnement des êtres vivants, comme à celui de l’organisme social « Si un organe du corps de l’animal ou du corps politique, dit encore Spencer, est subitement appelé à fournir une action considérable, il faut qu’il reçoive un supplément des matériaux qu’il consomme en fonctionnant, il faut qu’il ait un crédit ouvert sur la fonction qu’il remplit ».

    Bon nombre de sociologues cependant protestent contre ces analogies, qui peuvent être employées utilement comme procédés d’exposition mais ne sauraient constituer une méthode d’investigation. Et un sociologue éminent, M. Tarde, a rompu plus résolument encore avec cette tendance en déclarant que « la science sociologique ne se développera que du jour où on aura coupé définitivement le cordon ombilical qui le rattache à sa mère la biologie ». Mais c’est encore trop concéder, car nous ne croyons pas du tout que la biologie soit « la mère » de la sociologie !