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nitrates, l’Australie de ses laines, la Californie de son or, l’Espagne de ses vins.

2o Développer son industrie nationale, car nous savons que la division du travail et les progrès de la grande production sont en raison de l’étendue des débouches (Voy. ci-dessus, p. 201). L’Angleterre, si elle n’avait exporté dans le monde entier, n’aurait pu pousser aussi loin qu’elle l’a fait les perfectionnements de son outillage industrie).

3o Étendre sa suprématie commerciale, économique, politique et même intellectuelle. Car vendre aux pays étrangers, c’est se faire d’eux, au sens moral comme au sens commercial de ce mot, des clients. C’est prendre d’ailleurs vis-à-vis d’eux la situation de créancier qui est toujours plus avantageuse que celle de débiteur.

Ce dernier avantage est celui que les nations d’Europe et d’Amérique se disputent avec le plus d’avidité. C’est pourtant justement celui qui, au point de vue de l’économie universelle, a le moins de valeur, car c’est le seul parmi tous ceux que nous venons d’énumérer qui ne puisse pas être réciproque. Il implique nécessairement que l’un des pays coéchangiste gagnera aux dépens de l’autre et par conséquent il suppose un état de lutte, un mode de conquête, tandis que les autres avantages peuvent parfaitement être communs à tous les peuples et fortifier leur union. On voit avec quelles restrictions il faut accepter la maxime de Montesquieu : « l’effet naturel du commerce est de porter à la paix[1] » !


IV

COMMENT LE COMMERCE INTERNATIONAL PORTE NÉCESSAIREMENT PRÉJUDICE À CERTAINS INTÉRÊTS.


Il ne faudrait pas conclure de ce que nous venons de dire que le commerce international ne peut avoir que des avantages pour tout le monde. Ce serait mal comprendre ses effets. Il résulte de l’explication même que nous avons donnée que

  1. Esprit des lois, liv. XX, ch. 11.