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Accroissement de bien-être, dans le cas où il s’agit de richesses que le pays ne saurait produire à raison de son sol ou de son climat, par exemple les denrées coloniales pour les pays d’Europe, le vin pour l’Angleterre, le sel pour la Norwège, le cuivre pour la France, la houille pour la Suisse, etc.[1]

Économie de travail dans le cas où il s’agit de richesses qui, bien qu’elles pussent être produites par le pays importateur, ne pourraient l’être qu’avec plus de frais que dans le pays d’origine, parce que celui-ci se trouve dans des conditions de supériorité naturelle ou acquise. La France, par exemple, pourrait bien faire elle-même ses machines et elle en fait de très belles, mais elle a souvent plus d’avantage à les faire venir d’Angleterre ou des États-Unis, ces pays non seulement étant mieux approvisionnés par la nature de fer et de houille, mais ayant un outillage mécanique plus développé[2].

  1. Beaucoup de pays d’Europe ont un territoire trop limité pour nourrir leur population. Déjà l’Angleterre, pour nourrir sur son île étroite sa population chaque jour grandissante, est obligée de demander à l’importation plus de la moitié de ce qu’elle consomme en céréales, viandes, boissons, etc. C’est là, du reste, un fait général et qui ne fait que s’accentuer avec le temps au fur et à mesure que la population des pays d’Europe s’accroîtra, il faudra bien que ceux-ci fassent venir de l’étranger une quantité de plus en plus considérable d’aliments.
  2. Cet avantage-là est le seul que l’on reconnaisse à l’échange international dans la théorie classique. Bastiat le formulait en ces termes « obtenir une satisfaction égale avec moins d’efforts », et Stuart Mill dans une formule un peu différente, mais la même au fond « obtenir un emploi plus utile des forces productives du monde ». Et en effet tel est bien l’avantage de l’échange entre individus, tel que nous l’avons expliqué (Voy. p. 211) c’est comme un élargissement de la division du travail. Mais ce point de vue est insuffisant et même inexact pour l’échange international, car, comme nous le verrons, chaque peuple, loin de tendre à une division du travail de plus en plus marquée, cherche et doit chercher à réaliser son autonomie économique.
    Les frais de production ne peuvent pas non plus servir de norme dans l’échange entre nations comme ils le font d’ordinaire dans l’échange entre individus. En effet si la concurrence ramène généralement la valeur aux frais de production, c’est seulement en admettant que le travail et le capital se transporteront instantanément là où ils sont le plus demandés. Or cette hypothèse, qui n’est déjà qu’imparfaitement réalisée dans l’intérieur d’un même pays, devient absurde dans les rapports internationaux. Il s’agit donc de rechercher comment se réglera le rapport des valeurs échangées entre deux pays, et ce difficile problème, dit des « valeurs inter-