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pour 3 milliards, on en conclurait qu’il y a un milliard de bénéfices pour le pays.

Ces deux points de vue sont également faux. Ils reposent l’un et l’autre sur l’assimilation par trop simpliste entre la situation d’un pays et celle d’un individu. Non : un grand pays ne peut pas être assimilé, comme on le fait dans le premier système, à un Robinson, à un sauvage qui cherche dans l’échange (do ut des) uniquement un moyen de se procurer ce qui lui manque. Il n’exporte pas à seule fin d’importer mais parce que l’exportation lui offre par elle-même des avantages qui lui sont propres ; elle est pour lui un but et non pas un simple moyen. Il est vrai qu’en vertu de la règle posée dans le chapitre précédent, l’exportation déterminera indirectement une importation correspondante, mais c’est là un résultat qui tient à des causes économiques indépendantes de la volonté des exportateurs.

En sens inverse, le second système qui assimile un grand pays à un marchand n’achetant que pour revendre et trouvant son bénéfice dans la supériorité du prix de vente sur le prix d’achat, n’est pas plus exact. Quelle idée singulière de prétendre mesurer les bienfaits de l’échange et du commerce, soit entre pays, soit entre particuliers, par les profits des commerçants ! On ne remarque pas que les profits que ceux-ci en retirent constituent, au contraire, une charge pour les producteurs et les consommateurs, charge légitime puisqu’elle correspond à un service rendu, mais qui n’en est pas moins à déduire des avantages de l’échange. Apprécier les avantages du commerce d’après les profits perçus par les commerçants, c’est, dit très bien Cairnes, comme si l’on voulait apprécier les bienfaits de l’instruction par les traitements ou honoraires payés aux instituteurs.

En réalité les avantages du commerce international ne sont pas susceptibles d’être calculés par des opérations d’arithmétique : ils ne sont pas mesurables en argent. Ils sont complexes et il faut les chercher à la fois, et suivant les cas, soit du côté des importations, soit du côté des exportations.

Voici d’abord ceux des importations :