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% d’ordinaire[1]. Il faut donc bien admettre que la balance des comptes se régle d’elle-même et que créances et dettes tendent à s’équilibrer. C’est ce que, dans l’école de Bastiat, on appelle « une harmonie économique »[2].

Et mieux que cela : l’expérience a démontré que toutes les fois qu’à la suite d’un traité de commerce, ou par toute autre cause, un pays a vu ses importations augmenter dans une proportion considérable, il n’a jamais manqué de voir ses exportations augmenter parallèlement. Et réciproquement quand, par le moyen d’un tarif protectionniste, il diminue ses importations, il doit s’attendre à voir diminuer proportionnellement ses exportations[3].

  1. Voici pour la France les chiffres globaux des trois dernières années, exportations et importations réunies, en millions de francs :
    Marchandises. Monnaies.
    1894 
    6.938 
    767
    1895 
    7.094 
    716
    1896 
    7.195 
    991

    Et encore, des chiffres relatifs à la monnaie, il faudrait déduire un tiers environ qui, sous forme de lingots, est destiné des emplois industriels et constitue par conséquent une véritable marchandise.

  2. On peut expliquer la même idée sous une forme peut-être plus frappante en disant que l’échange international tend toujours à prendre la forme du troc — marchandises contre marchandises, — comme chez les sauvages, sauf, bien entendu, la supériorité des procédés employés. En effet, nous venons de démontrer que toute dette vis-à-vis d’un pays étranger détermine une exportation de marchandises vers ce même pays et réciproquement, toute créance sur un pays étranger détermine une importation de Marchandises de ce même pays. Avec quoi, en effet, voulez-vous qu’un pays, à moins de posséder des mines inépuisables d’or ou d’argent, eh bien ! en ce cas ces métaux précieux ne sont pour lui qu’une marchandise comme une autre (Comp. le chap. Comment les perfectionnements de l’échange tendent à nous ramener au troc et voy. dans la Revue d’Économie politique d’août 1897, l’article de M. Walras sur le libre-échange).
    Notez que quand les navires qui emportent des marchandises ne peuvent pas en rapporter et doivent revenir à vide, le fret devient plus onéreux et par suite le commerce plus difficile.
  3. Les chambres de commerce d’Allemagne ont constaté dans leurs rapports sur les résultats des traités de commerce de 1871, que pour tous les articles (sauf un) dont les importations avaient augmenté par suite de dégrèvements consentis, les exportations avaient également augmenté.