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port de celles de ses marchandises qui voyagent sous pavillon étranger, on voit que l’équilibre cherché est à peu près retrouvé et qu’il doit même rester un solde au crédit de la France. On peut faire les mêmes calculs pour l’Angleterre.

Comme conclusion il faut dire que le commerce extérieur d’un pays est en équilibre non quand il y a égalité entre ses exportations et ses importations, ce qui n’arrive jamais, mais quand il y a égalité entre ses créances et ses dettes.


II

COMMENT SE MAINTIENT LA BALANCE DES COMPTES.

Abandonnons donc la vieille et absurde idée — encore souvent exprimée dans des journaux importants — qu’un pays marche à sa ruine quand il importe plus qu’il n’exporte. Mais la question n’est que déplacée, car, remplaçant alors les mots « balance du commerce » par ceux de « balance des comptes », nous devons la formuler ainsi : un pays ne risque-t-il pas de se ruiner quand il a, tout compte fait, plus à payer à l’étranger qu’à recevoir ?

À la question ainsi rectifiée, il faut répondre certainement par l’affirmative. Oui, si un pays, n’ayant d’ailleurs point de créances sur l’étranger pour rétablir la balance, achète plus qu’il ne vend, ou s’il voit ses plus riches habitants aller manger leurs revenus à l’étranger (absentéisme), il sera obligé d’exporter son numéraire. Pour remédier à la fuite du numéraire, il émettra du papier-monnaie. Mais comme ce papier-monnaie, s’il peut remplacer le métal pour la circulation intérieure, ne peut pas être employé à payer l’étranger, le pays sera conduit à emprunter à l’étranger lui-même les sommes qu’il est obligé de lui payer et se trouvera ainsi sur la voie qui conduit les États, aussi bien que les individus, à la banqueroute. Et il ne serait pas difficile de trouver dans l’Amérique