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pays. — Comme l’argent qu’ils dépensent n’est pas le produit de leur travail, mais qu’ils le tirent de leurs terres ou des capitaux placés dans leur pays d’origine, il y a là, pour tout pays fréquenté par de riches étrangers, un courant de créances continu. La France, l’Italie, la Suisse, l’Algérie, se trouvent de ce chef créancières de l’Angleterre, de la Russie, des États-Unis, pour des sommes très considérables. D’après le dernier recensement, on compte en France 66.000 étrangers vivant de leurs rentes, sans compter les voyageurs de passage probablement aussi nombreux. Ne comptons pour chacun de ces résidents qu’une dépense de 10.000 fr. par an, ce qui est peu pour des gens qui veulent s’amuser, cela représente une créance de 660 millions de francs sur leurs pays respectifs. C’est comme un prix de pension qu’ils auraient à payer.

Telles sont les créances principales[1]. Elles suffisent pour rétablir l’équilibre et expliquer l’énigme de tout à l’heure. Pour la France, par exemple, si l’on porte à son crédit, d’une part, un peu plus de 3 milliards d’exportations, 1 milliard d’intérêts de capitaux placés et 6 ou 700 millions de dépenses faites chez elle par les étrangers, — et si l’on porte à son débit, d’autre part, un peu plus de 4 milliards d’importations, plus quelques centaines de millions pour le trans-

  1. On pourrait citer encore quelques autres catégories de créances et de dettes, par exemple :
    1° Les commissions des banquiers quand ils étendent leurs opérations à l’étranger. Des places comme celles de Londres, de Paris ou Berlin reçoivent des ordres et font des opérations pour le monde entier, et comme elles ne le font pas gratis, elles sont créancières de ce chef de sommes considérables.
    2° La vente des navires. Les navires achetés ne figurent pas sur les registres des douanes, pas plus à l’entrée qu’à la sortie. Or l’Angleterre qui construit des navires pour tous les pays, est créancière de ce chef d’une somme assez considérable, tandis que la France à cet égard est plutôt débitrice.
    Mais il ne faut pas y faire figurer, en général, comme le font nombre de traités d’économie politique, les profits des exportateurs. Ces profits sont déjà comptés dans la valeur des exportations et cela ferait double emploi, Cette valeur est fixée par une commission dite Commission des Valeurs en douane d’après les cours des marchandises or, ce cours correspond au prix de vente et comprend naturellement les profits des fabricants.