Page:Gide - Principes d’économie politique.djvu/279

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passerait cette limite ne pourrait avoir pour résultat que de déprécier les prix et elle infligerait au pays et à l’État lui-même des pertes bien supérieures à l’économie dont nous venons de parler.


III

DES DANGERS QUI RÉSULTENT DE L’EMPLOI DU PAPIER-MONNAIE ET DES MOYENS DE LE PRÉVENU.

Les avantages que peut procurer la monnaie de papier, soit à un pays, soit à un gouvernement, sont donc réels, mais il se peut qu’ils, soient payés bien cher, plus cher peut-être qu’ils ne valent. Et on a même pu dire que le papier-monnaie est le plus grand fléau des nations : il est au moral ce que la peste est au physique[1] ».

Toutefois il est bon de remarquer que ces fâcheux effets sont dus plutôt à l’imprudence des gouvernements qu’a la nature même du papier-monnaie[2]. Ils ne se manifestent en effet que lorsque le gouvernement a voulu franchir la limite que nous avons déjà marquée et émettre de la monnaie de papier en quantité supérieure aux-besoins (ces besoins sont eux-mêmes très suffisamment mesurés par la quantité de monnaie


    qu’elle se cachât. L’émission de ces billets, en reconstituant l’instrument des échanges, fut donc un bienfait pour tous même la quantité émise resta au-dessous des besoins, puisque plusieurs banques privées durent se syndiquer pour émettre de petits billets au-dessous de cinq francs que le public réclamait.

  1. Circulaire du 25 octobre 1810 de M. de Montalivet, parlant au nom de Napoléon Ier.
  2. L’expérience a démontré que lorsque l’émission de la monnaie de papier est confiée à des banques au lieu d’être faite directement par le gouvernement, elle s’opère en général avec beaucoup plus de mesure et présente beaucoup moins de dangers — parce que les banquiers sont plus vigilants pour défendre leurs intérêts ou du moins ceux de leurs actionnaires que ne l’est le Trésor, hélas ! pour défendre les intérêts du public. Aussi la plupart des gouvernements ont-ils recours aujourd’hui ace procédé. (Voy. au chapitre du Crédit De la différence entre le billet de banque et le papier-monnaie.)