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CHAPITRE V

LA MONNAIE DE PAPIER

I

SI L’ON PEUT REMPLACER LA MONNAIE MÉTALLIQUE PAR DE LA MONNAIE DE PAPIER ?

Si nous ne savions déjà par une expérience journalière que l’on peut substituer la monnaie de papier à la monnaie métallique, nous aurions quelque peine à le croire et la question inscrite en tête de ce chapitre paraîtrait bizarre.

Assurément, on ne saurait remplacer du blé, ou du charbon ou une richesse quelconque, par de simples feuilles de papier sur lesquelles on aurait fait graver ces mots : « cent hectolitres de blé » ou « cent quintaux de charbon ». Ce ne sont pas ces feuilles de papier qui pourront nous nourrir ou nous chauffer. Et si même nous nous servions des pièces de monnaie, comme les filles d’Orient de leurs sequins d’or ou d’argent, pour les suspendre à notre cou, il est clair que des morceaux de papier ne pourraient en tenir lieu. Il est vrai. Mais nous savons que la monnaie n’est pas une richesse comme une autre et que dans nos sociétés civilisées son utilité est toute immatérielle. Une pièce de monnaie n’est pas autre chose qu’un bon qui nous donne le droit de nous faire délivrer sous certaines conditions, une part des richesses existantes (Voy. p. 96). Or ce rôle de bon peut être joue par une feuille de papier aussi bien que par un morceau de métal. Pour mieux éclaircir ceci, il faut distinguer trois espèces de monnaies de papier :

1° La monnaie de papier représentative est celle qui ne