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ment — et ces deux éventualités paraissent l’une et l’autre en voie de réalisation[1].


IV

SI LA VALEUR RESPECTIVE DES DEUX MÉTAUX NE POURRAIT PAS ÊTRE FIXÉE PAR UNE ENTENTE INTERNATIONALE ?

Les purs bi-métallistes ne veulent pas se contenter du système bâtard qui nous régit : ils veulent revenir au véritable système bi-métallique et prétendent qu’aucune des difficultés que l’on redoute ne se produirait si ce système était consacré par un accord international de tous les grands pays sur le pied de 15 1/2 ou d’un autre rapport à déterminer.

C’est cette affirmation qui paraît particulièrement choquante aux économistes de l’école classique. Il ne saurait dépendre, disent-ils, de la volonté d’un gouvernement, ni même de tous les gouvernements réunis, de fixer la valeur respective de l’or et de l’argent, ne varietur, pas plus que la valeur respective des bœufs et des moutons ou celle du blé et de l’avoine. La valeur des choses est fixée uniquement par la loi de l’offre et de la demande et échappe complètement à la réglementation du législateur : celle des métaux précieux ne fait pas exception à la règle.

Ce raisonnement de l’école classique nous parait trop absolu. L’or et l’argent ne sont point des marchandises qui puissent être assimilées aux bœufs ni aux moutons ni à toute autre marchandise, et voici pourquoi : c’est que leur

  1. Depuis une dizaine d’années la production de l’or a plus que doublé, grâce surtout à l’exploitation des mines du Transvaal. La production annuelle qui était tombée au-dessous de 500 millions en 1883 s’est relevée en 1896 à 1100 millions. C’est-à-dire exactement autant que la valeur de la production annuelle de l’argent (valeur marchande, non valeur légale) qui a été aussi de 1100 millions. Et la production des mines d’or de Sibérie va probablement augmenter considérablement par suite de l’ouverture de la grande voie ferrée Transibérienne. On annonce la découverte de nouveaux et plus riches gisements aurifères dans l’Alaska.