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La question du mono-métallisme et du bi-métallisme

I

DE LA NÉCESSITÉ DE PRENDRE PLUSIEURS MÉTAUX ET DES DIFFICULTÉS QUI EN RÉSULTENT.

La discussion qui s’est engagée depuis longtemps sur cette célèbre question ne porte pas, comme on pourrait le croire, sur le point de savoir si un pays doit employer plusieurs métaux pour constituer son appareil monétaire ou s’il doit se contenter d’un seul. Cette question ne se pose pas, parce qu’il est bien évident que tout pays civilisé est dans l’obligation d’avoir à la fois des pièces d’or, des pièces d’argent et des pièces de cuivre ou d’un métal similaire. Comment pourrait-on songer, par exemple, à n’employer que l’or ? La pièce d’or de 5 francs est déjà incommode par sa petitesse que serait une pièce d’or de 1 sou ? un grain impalpable. Bien moins encore pourrait-on songer, à moins de nous ramener aux premiers temps de Rome, à n’employer que le cuivre, puisqu’une pièce de 20 francs en cuivre pèserait une dizaine de kilogrammes ! Même l’argent seul, quoique moins incommode à raison de sa valeur intermédiaire, ne pourrait suffire, la pièce de 5 francs étant déjà trop grosse et la pièce de 20 centimes trop petite pour l’usage courant. Il faut donc de toute nécessité employer les trois métaux à la fois.

Mais ce n’est pas une nécessité que de les employer tous les trois en qualité de monnaie légale ; de fait, nous savons que l’un des trois, le cuivre, n’a jamais cette qualité : il est toujours monnaie de billon et monnaie d’appoint. Restent les deux autres : convient-il de reconnaître le caractère et les attributs de monnaie légale à tous les deux ou à un seul seule-