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Premier cas. Si la valeur du lingot est supérieure à celle de la pièce, si, par exemple, alors que la pièce ne vaut légalement que 20 francs, le poids de métal fin qu’elle contient vaut 21 ou 22 francs, on dit que la monnaie est forte.

C’est un beau défaut, pourtant c’est un défaut et qui même, comme nous le verrons bientôt, peut avoir d’assez graves inconvénients. Toutefois il n’y a pas lieu de s’inquiéter beaucoup de cette éventualité : 1° parce qu’il n’arrivera pas souvent qu’un gouvernement s’avise de frapper de la monnaie trop forte : s’il le fait, ce ne peut être que par ignorance, car cette opération le constitue évidemment en perte frapper des pièces d’or qui ne valent que 20 francs, avec des lingots qui en valent 21 ou 22, serait une opération aussi ruineuse que celle d’un industriel qui fabriquerait des rails à 100 francs la tonne avec du fer qui en vaudrait 110 ; — 2°. parce que même en admettant que le fait se produise par suite de certaines circonstances que nous verrons plus tard (par exemple une hausse dans le prix du métal survenue après coup), il ne peut être de longue durée. En effet, du jour où le public saurait que la pièce de 20 francs vaut comme lingot 21 ou 22 francs, chacun, pour réaliser ce bénéfice, s’empresserait d’employer sa monnaie comme une marchandise en la vendant au poids, et cette opération continuerait jusqu’à ce que les pièces d’or eussent complètement disparu. Nous verrons que dans les systèmes bi-metallistes cette situation se présente assez fréquemment.

Deuxième cas. Si la valeur du lingot est inférieure à celle de la pièce, si, par exemple, alors que la pièce vaut légalement 20 francs, le poids du métal qu’elle contient ne vaut que 18 ou 19 francs, on dit que la monnaie est faible.

Cette éventualité est beaucoup plus à redouter que l’autre

    celle du lingot — L’État pourrait même, s’il le voulait bien, éviter cette légère différence en transformant gratuitement le lingot en monnaie, c’est-à-dire en prenant les frais de monnayage à sa charge. C’est précisément ce que fait l’Angleterre. Aussi « le souverain » anglais est-il le type d’une monnaie parfaite : sa valeur légale est absolument identique à sa valeur marchande.