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que ; — Ricardo, non moins célèbre par sa théorie sur la rente foncière (1817), mais qui, par l’abus de la méthode abstraite et purement déductive, devait provoquer plus tard une vive réaction ; le troisième, en France, Jean-Baptiste Say, dont le Traité d’économie politique (1803) brille plutôt par la clarté de l’exposition, par la belle ordonnance du plan et par la classification que par la profondeur des idées. Traduit dans toutes les langues d’Europe, il a été le premier traité d’économie politique vraiment populaire et a servi plus ou moins de modèle aux innombrables manuels classiques qui se sont succédés depuis lors.

C’est dans ce livre surtout qu’apparaît nettement (non sans exagération, mais exagération salutaire à cette époque d’élaboration) le caractère de science naturelle, c’est-à-dire purement descriptive, attribué à l’économie politique. Adam Smith encore, de son temps, la définissait comme « se proposant d’enrichir à la fois le peuple et le souverain », lui assignant ainsi un but pratique. Mais J.-B. Say, corrigeant cette définition, écrit « J’aimerais mieux dire que l’objet de l’économie politique est de faire connaître les moyens par lesquels les richesses se forment, se distribuent et se consomment. Et tel est le titre même qu’il a donné à son livre[1].

À partir de cette époque, l’économie politique peut être considérée comme définitivement constituée sous sa forme classique. Désormais elle va se diviser en un grand nombre d’écoles dont nous allons sommairement exposer les doctrines[2].

  1. Traité d’Économie politique ou simple exposition de la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses.
  2. Sur l’histoire des doctrines économiques, consultez :
    Ingram, Histoire de l’Économie politique, traduit en français.
    Espinas, Histoire des doctrines économiques.
    Cossa, Introduzione allo studio dell’ Economia Politica.