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chands du dehors arrivent pourtant à pénétrer, mais non sans peine et sans luttes et seulement sous certaines conditions rigoureuses[1].

À la troisième phase, celle de l’industrie des manufactures, le marché s’élargit et devient national : alors commence véritablement l’échange et le commerce. Et on a fait remarquer que l’établissement du marché national coïncide à peu près avec la constitution des grands États modernes et avec le système des fortifications nationales de Vauban substitué aux fortifications urbaines, ce qui prouve que l’évolution économique, politique, militaire, etc., suit partout des voies parallèles.

Le marché s’élargit encore en devenant colonial et c’est alors que se créent, au XVIIe siècle, ces grandes compagnies de commerce qui jouèrent un rôle si considérable, par exemple, la Compagnie des Indes anglaises. Puis finalement dans la quatrième phase, celle de l’industrie mécanique et des chemins de fer, le marché devient vraiment international et désormais le commerce prend les grandes allures qui ont si profondément modifié les rapports économiques de notre vieille Europe et qui ont fait de cette question de commerce international une des plus importantes de notre temps[2].


II

LES AVANTAGES DE L’ÉCHANGE.

C’est une vieille question d’école que celle de savoir s’il faut considérer l’échange comme productif de richesses. Les

  1. Les marchands étrangers n’étaient d’ordinaire admis à vendre dans les villes : 1° qu’a la condition de payer une certaine taxe ; 2° de ne pas vendre au détail, c’est-à-dire de vendre non au public, mais aux marchands de la localité ; 3° tout au moins de ne vendre qu’à certaines époques de l’année et sur certains lieux déterminés (Voy. Ashley, Economic History).
  2. Nous ne prétendons point que l’histoire économique du commerce rentre exactement dans ces cadres : nous donnons seulement une vue d’ensemble et mnémotechnique.