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10.000 fr. de loyer. Mais le loyer du « Bon Marché », lequel vend pour près de 500.000 fr. par jour (150 millions par an) et fait par conséquent mille fois plus d’affaires, est loin d’être mille fois plus élevé, ce qui ferait 8 ou 10 millions ; il est évalué à 1 million de fr. seulement, c’est-à-dire l’équivalent de deux journées de vente.

3° Économie d’agents naturels.

Une puissante machine à vapeur consomme relativement beaucoup moins de charbon qu’une plus faible : la différence peut aller du simple au décuple[1]. L’éclairage électrique est plus économique que l’éclairage au gaz seulement quand on l’emploie pour éclairer de vastes espaces, mais sur une petite échelle il est plus onéreux.

4° Économie de capitaux.

Voici un grand magasin qui fait 100 fois plus d’affaires qu’un petit : il n’a nullement besoin d’avoir 100 fois plus de marchandises en magasin : il lui suffit d’en avoir 10 fois plus et de les renouveler 10 fois dans l’année. Il pourra donc obtenir un résultat centuple avec un capital simplement décuplé. Et le consommateur s’en trouvera mieux, les marchandises étant plus fraîches et plus à la mode, précisément par suite de leur renouvellement incessant.

De plus, quand on peut acheter sur une grande échelle, on achète à bien meilleur compte. Le grand magasin ou la grande usine qui s’approvisionnent par grandes masses réalisent donc de ce chef aussi une économie notable sur les capitaux qu’ils mettent en œuvre[2].

  1. Une force égale à celle de 1 cheval-vapeur coûte par heure 0 fr. 40 quand elle est produite par une machine, de 5 chevaux, 0 fr. 27 quand la machine est de 10 chevaux, 0 fr. 10 1/2 quand elle est de 50 à 100 chevaux, et 5 centimes seulement pour les plus puissantes. (Achard, Une distribution municipale de force motrice, Revue d’Économie politique, septembre 1890).
  2. En somme et pour toutes ces causes réunies, on a fait le compte que les frais généraux d’un magasin de nouveautés ordinaire sont de 40 %, tandis que ceux d’un magasin comme le Bon Marché sont de 14 %, ce qui revient à dire que les mêmes marchandises qui peuvent être vendues 114 francs par le Bon Marché ne peuvent l’être au-dessous de 140 francs par un petit magasin.