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CHAPITRE I

L’ASSOCIATION

I

LES FORMES SUCCESSIVES DE L’ASSOCIATION.

« Aujourd’hui jour du Vendredi-saint, écrivait Fourier en 1818, j’ai trouvé le secret de l’Association Universelle ». Il se vantait ; il ne l’avait certes pas découverte, bien qu’il l’ait mise en relief avec une singulière vigueur, car l’association n’est pas de l’ordre de ces phénomènes qu’il faut découvrir : elle éclate à tous les yeux c’est la plus générale probablement de toutes les lois qui gouvernent l’univers, puisqu’elle se manifeste non seulement dans les rapports des hommes vivant en société, mais aussi dans ceux qui unissent les mondes en systèmes solaires et les molécules ou les cellules en corps bruts ou organisés, et jusque dans les rapports logiques qui nous permettent de penser[1]. Les animaux eux-mêmes connaissent les lois de l’association et quelques-unes de ces sociétés animales, abeilles, fourmis ou castors, ont été de tout temps pour les hommes un inépuisable sujet d’instruction et d’admiration[2].

L’association s’impose aux hommes pour tous les travaux qui excèdent les forces individuelles, ne fut-ce qu’un poids à soulever. Le mot d’association aujourd’hui suggère presque nécessairement dans notre esprit l’idée de groupement volontaire. C’est une erreur. L’association des hommes, tout

  1. Voy. l’Activité mentale, par M. Paulhan.
  2. Voy. le beau livre de M. Espinas sur les Sociétés animales.