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sorte de mal chronique, d’infirmité constitutionnelle de l’industrie moderne[1]. Le développement de la grande production, des inventions mécaniques et des moyens de transport, a permis à l’industrie de jeter sur le marché des masses énormes de produits, telles que la consommation ne suffit pas toujours à les absorber au fur et à mesure. Ce n’est pas assurément que les besoins ne soient grands et même indéfiniment extensibles, mais il ne suffit pas, pour écouler un article, de trouver des gens qui en aient envie, encore faut-il trouver des gens qui aient les moyens de l’acquérir. Or l’accroissement du revenu de la masse de la population n’a pas marché en général d’un pas aussi rapide que l’accroissement de la production manufacturière. De plus, la plupart des pays aujourd’hui s’efforcent de fermer leurs marchés aux produits étrangers, tout en s’efforçant de faire pénétrer leurs propres produits sur le territoire étranger, et dès lors, ces produits, refoulés de part et d’autre, s’accumulent comme dans des réservoirs sans issue.

Pour parvenir à écouler leurs produits et à les faire absorber par la consommation, les producteurs sont donc obligés d’abaisser leur prix et de réduire leurs frais de production cette dépréciation générale a pour conséquences inévitables la baisse des profits et les faillites pour les fabricants, la baisse des salaires et les chômages pour les ouvriers.

Sous la forme inverse du déficit, la crise peut être aussi redoutable dans certains cas. Il suffit de se rappeler les désastres causés par la disette du coton, cotton famine, à la suite de la guerre de sécession des États-Unis. Le déficit dans la récolte des céréales peut amener des famines terribles dans les pays pauvres, tels que l’Inde ou l’Algérie : et même dans les pays riches, tels que ceux d’Europe, pour peu que le déficit soit important, il provoque toujours une certaine crise.

  1. L’école collectiviste attache une importance énorme à cette forme de crise qui, d’après elle, constitue, non une crise à proprement parler, mais une conséquence fatale du régime capitaliste actuel et qui, cause en même temps qu’effet, doit entraîner la ruine complète de l’organisation industrielle moderne.