déterminé ; les autres sont épidémiques et font le tour du monde.
Quelques économistes se sont efforcés de construire une théorie générale des crises, en décrivant les lois qui les régissent[1]. Cette tentative est prématurée. On peut cependant retrouver en elles certains caractères communs et les rattacher à une même cause générale, celle que nous venons d’indiquer : — à savoir une rupture d’équilibre qui vient à se produire trop brusquement, soit dans la production d’un grand nombre de marchandises à la fois, soit dans la production d’une seule richesse d’une importance particulière, telle que le blé, les capitaux, la monnaie métallique ou les titres de crédit. Remarquez que dans chacun de ces cas, que nous allons passer en revue, la rupture d’équilibre peut se manifester soit sous forme d’un encombrement, soit sous forme d’un déficit. Il semblerait que la seconde forme dût être de beaucoup la plus redoutable et cependant, comme nous allons le voir, c’est au contraire la première qui est la plus redoutée (sauf pourtant quand il s’agit de la monnaie).
1o Encombrement ou déficit des marchandises.
L’encombrement des marchandises (general glut, comme disent les Anglais) constitue une des formes les plus fréquentes des crises économiques et même on peut y voir une
- ↑ C’est ce qu’avait essayé de faire Stanley Jevons, qui en décrivait minutieusement les caractères et concluait qu’elles se reproduisaient périodiquement par cycles de dix ans. Depuis le commencement du siècle, il comptait, en effet, les neuf suivantes : 1815, 1827, 1836, 1839, 1847, 1857, 1866, 1873, 1878. Cette périodicité décennale se rattachait d’ailleurs, d’après Jevons, à une périodicité analogue dans les mauvaises récoltes, qui avait elle-même pour cause une périodicité décennale dans les taches du soleil En sorte que dans ce brillant tableau, la question des crises, de leurs causes et de leur développement, se ramenait à un problème d’astronomie.
Si Jevons, mort prématurément en 1882, avait vécu quelques années de plus, il aurait vu lui-même les faits démentir son système, car, à vrai dire depuis 1873, c’est-à-dire depuis vingt-cinq ans, la crise dure. Aussi l’appelle-t-on plutôt « la dépression » des prix. D’ailleurs comme les crises sont grandes ou petites, générales ou locales il est facile d’en compter peu ou beaucoup et de choisir les dates à son gré.
Voy. aussi de Laveleye, Le marché monétaire et ses crises ; et Juglard, Des crises commerciales et de leur retour périodique.