productivement. Nul doute à cet égard. Les coupons d’intérêts des actions ou obligations de charbonnage représentent la valeur des tonnes de houille extraites par le travail des mineurs, et les coupons des actions ou obligations de chemin de fer représentent les résultats du travail des mécaniciens, hommes d’équipe, chefs de gare, aiguilleurs, qui ont coopéré au transport[1].
Il se peut toutefois que le capital entre les mains de l’emprunteur ait été dissipé ou consommé improductivement : en ce cas les intérêts touchés par le prêteur représentent non plus le produit du travail de l’emprunteur, mais celui de quelqu’autre qu’il s’agit de découvrir. Par exemple les coupons de titres de rentes sur l’État ne représentent pas des richesses produites par te travail ou l’industrie de l’État, puisque celui-ci ne produit pas grand’chose et que même il a l’habitude de dépenser improductivement la plupart des capitaux à lui prêtés, mais ils représentent le produit du travail de tous les Français, qui, sous forme de contributions, a été versé annuellement dans les caisses du Trésor et a passé de là dans les mains des rentiers. Et quand un fils de famille emprunte de l’argent pour le manger, les intérêts qu’il paie à l’usurier ne représentent certes pas le produit de son travail, mais peut-être celui de ses fermiers.
III
DE LA DISTINCTION ENTRE LES RICHESSES QUI SONT CAPITAL ET CELLES QUI NE LE SONT PAS.
Pour chacun de nous l’idée de capital paraît assez claire. Dans notre patrimoine, nous distinguons à première vue
- ↑ De ce fait, les socialistes tirent cette conclusion que le prélèvement exercé par le capitaliste constitue une iniquité sociale. Il serait prématuré de traiter déjà cette question : disons cependant que ce n’est point une conséquence nécessaire puisque nous avons montré tout à l’heure que sans