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un difficile problème mécanique que de domestiquer une force naturelle, de la contraindre à tourner une roue, à pousser un rabot, ou à faire courir une navette.

Il est à remarquer que d’autant plus puissantes sont ces forces naturelles ; et d’autant plus de temps et de peine il a fallu à l’homme pour les utiliser et les faire servir à ses fins. Il est naturel qu’il en soit ainsi : la résistance grandit en raison directe de la puissance.

La domestication de certains animaux, cheval, bœuf, chameau, éléphant, renne ou chien d’Esquimau, etc., a fourni aux hommes la première force naturelle dont ils aient fait usage pour le transport, pour la traction, pour le labourage. C’était déjà une précieuse conquête, car l’animal est proportionnellement plus fort que l’homme. La force d’un cheval est évaluée à 7 fois celle d’un homme, tandis que son entretien représente une valeur moindre. Mais le nombre de ces animaux est restreint — d’autant plus restreint qu’un pays devient plus peuplé, car il faut beaucoup de place pour les nourrir : — aussi ne représentent-ils qu’une force motrice relativement peu considérable.

La force motrice du vent et des rivières a été utilisée de tout temps pour le transport, et beaucoup plus tard, dès l’antiquité cependant, pour faire tourner les moulins. Il y a là un réservoir de forces inépuisable et qui, à la différence des matières premières et du terrain, peut être considéré pratiquement comme illimité. On a calculé que la force motrice

    plication de la force devient illimitée. Certains navires cuirassés ont des machines de 15.000 chevaux de force, ce qui représente une force égale à celle de 300.000 rameurs au moins, même de 900.000, car il faudrait bien trois équipes pour se relayer jour et nuit. Si l’on suppose que ces navires occupent 200 mécaniciens ou chauffeurs, la force de chacun de ces hommes peut être considérée comme multipliée par 4.500.
    Un numéro de journal comme ceux du Times, représente à peu près l’équivalent d’un volume comme celui-ci (520 de ces pages les jours ordinaires et 780 les jours où il y a un supplément). En admettant qu’il se tire à 100.000 exemplaires, c’est donc l’équivalent de 100.000 volumes comme celui-ci. Pour les copier en aussi peu de temps qu’on l’imprime, c’est-à-dire en 6 heures, il faudrait bien une armée de deux millions de copistes !