par là lui décerner simplement un titre honorifique, mais on prétend affirmer que les faits qu’elle étudie sont enchaînés naturellement les uns aux autres dans un ordre régulier.
Il est certains domaines dans lesquels l’ordre des phénomènes est si apparent que les esprits les moins habitués aux spéculations scientifiques n’ont pu faire autrement que de le remarquer.
Il suffit de lever les yeux au ciel pour constater la régularité avec laquelle se déroule chaque nuit la marche des étoiles, chaque mois les phases de la lune, chaque année le voyage du soleil à travers les constellations. Aux jours les plus lointains de l’histoire, les pâtres en gardant leurs troupeaux ou les navigateurs en dirigeant leurs barques, avaient déjà reconnu la périodicité de ces mouvements, et par là, ils avaient jeté les bases d’une vraie science, la plus vieille de toutes, la science astronomique.
Les phénomènes qui se manifestent dans la constitution des corps bruts ou organisés ne sont pas aussi simples, et l’ordre de leur coexistence ou de leur succession n’est pas aussi facile à saisir. Aussi a-t-il fallu de longs siècles avant que la raison humaine, perdue dans le labyrinthe des choses, réussit à saisir le fil conducteur, à retrouver l’ordre et la loi dans ces faits eux-mêmes, et à édifier ainsi les sciences physiques, chimiques et biologiques.
Petit à petit cette idée d’un ordre constant des phénomènes a pénétré dans tous les domaines, même dans ceux qui, à première vue, semblaient devoir lui rester toujours fermés. Même ces vents et ces flots dont les poètes avaient fait de tout temps l’emblème de l’inconstance et du caprice, ont reconnu à leur tour l’empire de cet ordre universel. On a pu constater les grandes lois auxquelles obéissent, à travers l’atmosphère ou les océans, les courants aériens ou maritimes, et la météorologie ou physique du globe a été à son tour fondée. Il n’est pas jusqu’aux chances des paris, jusqu’aux combinaisons du jeu de dés qui n’aient été soumises au calcul des probabilités. Le hasard même désormais a ses lois !
Le jour devait venir enfin où cette grande idée d’un ordre