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CHAPITRE II

LA NATURE

Il faut entendre par le mot de nature non un facteur déterminé de la production, car ce mot n’aurait point de sens intelligible, mais l’ensemble des éléments préexistants qui nous sont fournis par le milieu dans lequel nous vivons[1].

Pour que l’homme puisse produire, il faut que la nature lui fournisse un milieu propice, une étendue de terrain suffisante[2] et une matière première utilisable. Elle lui fournit aussi les forces motrices qui font marcher ses machines.


I

LE MILIEU.

On a pu reprocher à quelques historiens ou philosophes d’exagérer l’influence du milieu géographique sur le développement politique, littéraire et artistique des peuples, mais

  1. On disait autrefois la terre. L’expression est équivalente, en effet, si l’on entend par là non pas seulement le sol cultivable, mais le globe terrestre avec son atmosphère. Il est bien évident que notre planète, et seulement dans son écorce superficielle, est la seule portion de l’univers qui puisse servir de théâtre à notre activité économique. Toutefois, comme on a vu des peuplades utiliser le fer natif qu’elles trouvaient dans les aérolithes tombés du ciel, et comme toute force motrice (vents, cours d’eau, et le calorique emmagasiné dans le charbon) dérive de la chaleur solaire, scientifiquement, le mot de nature est plus exact.
  2. On pourrait dire que le terrain est déjà compris dans le « milieu » ? Logiquement, oui mais économiquement, non, parce que le terrain étant l’objet de la propriété, tandis que le milieu ne l’est pas, doit constituer un élément distinct.