Où donc s’arrêter ? nous voyons le cercle des travaux productifs s’étendre à l’infini jusqu’aux extrêmes confins de la société, — tout comme ces cercles concentriques qui vont s’élargissant sur la surface des eaux autour du centre que l’on a touché et se perdent au loin sans que le regard puisse saisir la limite où ils s’arrêtent. Sans doute on peut dire que les travaux que nous venons de considérer n’ont pas contribué tous de la même façon à la production du blé : ceux-ci ont agi d’une façon directe, ceux-là d’une façon indirecte, mais il suffit de constater que depuis le travail du laboureur jusqu’à celui du président de la République, on n’en pourrait supprimer aucun sans que la culture du blé en souffrît.
Il n’y a même pas lieu d’établir entre une hiérarchie au point de vue de leur utilité économique. D’après l’ordre des besoins économiques auxquels ils répondent, on pourrait être tenté de classer au premier rang les travaux de découverte et d’invention, puis les travaux agricoles, puis ceux des manufactures, puis ceux du transport, et au dernier rang ceux du commerce et des fonctions publiques. Mais il suffit de remarquer que si le pays est mal gouverné ou s’il n’a point de moyens de transport, toutes ses richesses agricoles ne lui serviront de rien. Ce qu’il faut chercher, c’est une juste proportion entre la répartition des diverses fonctions et des divers travaux. Or, malheureusement, ce juste équilibre est loin d’être réalisé même dans nos sociétés civilisées. C’est ainsi que nous voyons certains pays, par exemple, dépenser des milliards pour développer leurs moyens de transport sans se préoccuper de savoir s’ils auront des produits à transporter : c’est ainsi que nous voyons le nombre des personnes engagées dans le petit commerce ou dans les fonctions publiques augmenter tous les jours, alors que les travaux agricoles sont de plus en plus désertés.