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division est devenue classique et nous ne voyons pas d’utilité à la changer. Non seulement elle est commode pour l’exposition, mais elle répond bien aux trois grandes préoccupations des hommes dans l’ordre économique, qui sont :

Comment faire pour produire le plus de richesse possible ?

Pour la répartir le mieux possible ?

Pour en tirer le meilleur parti possible ?

Dans tous les traités d’économie politique, presque sans exception, on ajoute une quatrième partie la circulation. Mais nous n’avons jamais pu comprendre à quoi elle répond. La circulation des richesses n’est rien de plus, comme nous le verrons, qu’une conséquence et un aspect de la division du travail. Le fait de transférer une richesse d’une main à une autre et de lui imprimer une sorte de mouvement de rotation, est un fait sans intérêt par lui-même et qui ne vaut la peine d’être étudié que dans la mesure où il concourt à la production sociale.

Bon nombre d’auteurs estiment indispensable de tracer dans l’économie politique une division d’un autre ordre en séparant l’art de la science. La partie scientifique se bornerait à exposer les rapports existant entre les faits économiques, autrement dit les lois économiques, d’une façon absolument désintéressée en s’abstenant de toute appréciation morale et de tout conseil pratique. Dans l’autre partie au contraire, on chercherait ce que les hommes peuvent faire pour tirer le meilleur parti possible de ces lois économiques au point de vue de leur bien-être, et ce qu’ils doivent faire pour tâcher de rendre ces lois conformes à la justice[1].

Nous sommes assez sceptiques quant à l’utilité de cette séparation. Elle n’existait pas chez Adam Smith et les anciens économistes, et il ne semble pas que depuis qu’elle est pratiquée elle ait donné beaucoup de fruits. Il nous paraît difficile, dans une science qui, telle que nous venons de la définir,

  1. Voy. notamment Courcelle-Seneuil, Traité théorique et pratique d’Économie politique, introduction. — Walras, Économie politique pure. — Sécrétan, Utopie sociale.