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ou de pétrole, la forêt sur pied, la prairie naturelle, la carrière de pierre, la mine de métal ou de charbon, la chute d’eau qui fait tourner la roue du moulin, le gisement de guano déposé par les oiseaux de mer, la pêcherie abondante en poissons, en coquillages ou en corail, — encore faut-il remarquer :

1° Que ces richesses naturelles n’existent en tant que richesses, c’est-à-dire en tant que choses utiles et valables, qu’autant que l’intelligence humaine a su d’une part découvrir leur existence et d’autre part reconnaître en elles les propriétés qui les rendent aptes à satisfaire quelqu’un de nos besoins. Prenez une terre quelconque, une terre à blé en Amérique, par exemple. Si elle est une richesse, c’est parce qu’un explorateur ou un pionnier quelconque, marchant dans la voie que Christophe Colomb avait ouverte le premier, a révélé l’existence de cet emplacement particulier. Or, le fait de la découverte, qu’il s’applique à un Nouveau Monde ou à des champignons dans les bois, suppose toujours un certain travail.

2° Que ces richesses naturelles ne pourront être utilisées, c’est-à-dire servir ultérieurement à la satisfaction des besoins de l’homme, qu’autant qu’elles auront subi plus ou moins l’action du travail s’il s’agit d’une terre vierge, qu’autant qu’elle aura été défrichée, s’il s’agit d’une source d’eau minérale, qu’elle aura été captée et mise en bouteille, s’il s’agit de champignons ou de coquillages, qu’ils auront été cueillis et probablement mis à cuire dans la casserole.


II

DE QUELLE FAÇON LE TRAVAIL PRODUIT.

Il faut distinguer trois aspects du travail :

1° Travail manuel. À voir la variété infinie des produits sortis des doigts de fée de l’industrie humaine, on s’imagine