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CHAPITRE I

LE TRAVAIL

I

DU RÔLE QUE JOUE LE TRAVAIL DANS LA PRODUCTION.

Pour réaliser ses fins, et principalement pour satisfaire aux nécessités de son existence, tout être qui vit est obligé d’accomplir un certain travail. La graine elle-même fait effort pour soulever la croûte de terre durcie qui la recouvre et venir respirer l’air et la lumière. L’huître attachée à son banc ouvre et referme ses écailles pour puiser dans le liquide qui la baigne les éléments nourriciers. L’araignée tisse sa toile. Le renard et le loup vont en chasse… L’homme n’échappe pas à la loi commune ; lui aussi doit faire des efforts persévérants pour suffire à ses besoins[1]. Cet effort, inconscient dans la plante, instinctif dans l’animal, devient chez l’homme un acte volontaire et conscient et prend le nom de travail.

N’y a-t-il pas pourtant certaines richesses que l’homme peut se procurer sans travail, celles que la nature lui octroie libéralement ? C’est une question délicate.

Il faut remarquer d’abord que pour cette catégorie de richesses qui s’appellent des produits, il n’en est pas une seule qui ne suppose dans une mesure quelconque l’intervention du travail. Cela résulte de l’étymologie même du mot produit, productum, tiré de quelque part. Or, qui l’aurait ainsi retiré, sinon la main de l’homme ? Pour que des fruits puis-

  1. « Les dieux, dit Xénophon, nous vendent tous les biens au prix de notre travail ».