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Et le matin comme si toute chose y naissait.

Que ta vision soit à chaque instant nouvelle.

Le sage est celui qui s’étonne de tout.

Toute ta fatigue de tête vient, ô Nathanaël, de la diversité de tes biens. Tu ne sais même pas lequel entre tous tu préfères et tu ne comprends pas que l’unique bien c’est la vie. Le plus petit instant de vie est plus fort que la mort, et la nie. La mort n’est que la permission d’une autre vie — pour que tout soit sans cesse renouvelé — afin qu’aucune forme de vie ne détienne cela plus de temps qu’il ne lui en faut pour se dire. Heureux l’instant où ta parole retentit. Tout le reste du temps écoute — mais quand tu parles, n’écoute plus.

Il faut, Nathanaël, que tu brûles en toi tous les livres.

RONDE
POUR ADORER CE QUE J’AI BRÛLÉ

Il y a des livres qu’on lit, assis sur des petites planchettes :