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un souffle si brûlant que l’on crut défaillir, et le pollen des conifères sortit comme une fumée d’or des branches. — Puis il plut.

J’ai vu le ciel frémir de l’attente de l’aube. Une à une les étoiles se fanaient. Les prés étaient inondés de rosée ; l’air n’avait que des caresses glaciales. Il sembla quelque temps que l’indistincte vie voulût s’attarder au sommeil, et ma tête encore lassée s’emplissait de torpeur. Je montai jusqu’à la lisière du bois ; je m’assis ; chaque bête reprit son travail et sa joie dans la certitude que le jour va venir, et le mystère de la vie recommença de s’ébruiter par chaque échancrure des feuilles. — Puis le jour vint.

J’ai vu d’autres aurores encore. — J’ai vu l’attente de la nuit.

Nathanaël, que chaque attente, en toi, ne soit même pas un désir — mais simplement une disposition à l’accueil. — Attends tout ce qui vient à toi — mais ne désire que ce qui vient à toi. — Ne désire que ce que tu as… Comprends qu’à chaque instant du jour tu peux posséder Dieu dans sa totalité. — Que ton désir soit de l’amour,