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peu à peu, devant notre marche se dispose… et nous ne voyons pas au bout de l’horizon — et même près de nous ce n’est qu’une successive et modifiable apparence.

Mais pourquoi des comparaisons dans une matière si grave ? Nous croyons tous devoir découvrir Dieu. Nous ne savons hélas, en attendant de le trouver, où nous devons adresser nos prières, nous tourner pour nos perpétuelles prières… Puis on se dit enfin qu’il est partout, n’importe où, l’Introuvable, et on s’agenouille au hasard.

— Et tu seras pareil, Nathanaël, à qui suivrait pour se guider une lumière que lui-même tiendrait en sa main.

— Où que tu ailles tu ne peux rencontrer que Dieu ; Dieu, disait Ménalque : c’est ce qui est devant nous.

Nathanaël, tu regarderas tout en passant, et tu ne t’arrêteras nulle part. Dis-toi bien que Dieu seul n’est pas provisoire.

Nathanaël — que l’importance soit dans ton regard, non dans la chose regardée.