Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/195

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un matin, nous arrivâmes près d’une dune assez haute pour nous abriter du soleil. Nous nous assîmes. — L’ombre était presque fraîche et des joncs y croissaient avec délicatesse.
 Mais de la nuit, de la nuit, que dirai-je ?

C’est une navigation lente
 Les flots sont moins bleus que les sables ;
 Ils étaient plus lumineux que le ciel.
 — Je sais tel soir où chaque étoile, une à une, m’a paru particulièrement belle.

*


Saül, dans le désert, à la recherche des ânesses — tu ne les retrouvas pas, tes ânesses — mais bien la royauté que tu ne cherchais pas.

Joie d’alimenter sur soi de la vermine.

La vie était pour nous…
sauvage et de saveur subite
et j’aime que le bonheur soit ici
comme une efflorescence sur de la mort.