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maures de Biskra l’on ne buvait que du café, de la limonade ou du thé. — Thé arabe ; douceur poivrée ; gingembre ; boisson évoquant un orient plus excessif encore et plus extrême — et fade ; — impossible de boire jusqu’au fond des tasses.

Sur la place de Touggourt il y avait des marchands d’aromates. Nous leur achetâmes différentes sortes de résines. On sentait les unes. On mâchait les autres ; les autres se brûlaient. Celles qui se brûlaient avaient souvent la forme de pastilles ; elle répandaient, allumées, une abondance de fumée acre où se mêlait un très subtil parfum ; leur fumée aide à provoquer les extases religieuses et ce sont elles que l’on brûle dans les cérémonies des mosquées. — Celles que l’on mâchait emplissaient aussitôt la bouche d’amertume et empoissaient désagréablement les dents ; longtemps après qu’on les avait crachées la saveur en durait encore. — Celles que l’on sentait, se sentaient simplement.

Chez le marabout de Témassine, à la fin du repas on nous offrit des gâteaux aux parfums. Ils étaient ornés de feuilles d’or, gris ou roses, et