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d’abeilles y bourdonnent ; leurs ruches sont dans le rocher. Quand vient l’été, les ruches, crevées de chaleur, abandonnent le miel qui le long du rocher s’épanche ; les hommes de l’Enfida viennent et le recueillent.) — Berger, viens ! — (Je mâche une feuille de figue.) — Été ! coulure d’or ; profusion ; splendeur de la lumière accrue ; immense débordement de l’amour ! Qui veut goûter du miel ? Les cellules de cire ont fondu.

Et ce que je vis de plus beau ce jour-là, ce fut un troupeau de brebis que l’on ramenait à l’étable. Leurs petits pieds pressés faisaient le grésillement d’une averse ; le soleil se couchait au désert et elles soulevaient de la poussière.


Oasis ! Elles flottaient sur le désert comme des îles ; de loin, la verdeur des palmiers promettait la source où leurs racines s’abreuvaient ; parfois elle était abondante et des lauriers-roses s’y penchaient. — Ce jour-là, vers dix heures, lorsque nous y arrivâmes, je refusai d’abord d’aller plus loin ; le charme des fleurs de ces jardins était tel