Page:Gide - Les Nourritures terrestres.djvu/152

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

thésaurise) ; dans la nuit vous sembliez la redire, la redire très faiblement. — Cités, vous m’avez semblé transparentes ! vues de la colline, de là-bas, dans la grande ombre de la nuit enveloppante, vous luisez, pareilles à ces creuses lampes d’albâtre, images d’un cœur religieux — pour la clarté qui les emplit comme poreuses, et dont la lueur suppure autour comme du lait.

Cailloux blancs des routes dans l’ombre ; réceptacles de clarté. Bruyères blanches dans les crépuscules des landes ; dalles de marbre des mosquées ! fleurs des grottes des mers, actinies ! Toute blancheur est de la clarté réservée.

J’appris à juger tous les êtres à leur capacité de réceptions lumineuses ; certains qui dans le jour surent accueillir le soleil, m’apparurent ensuite, la nuit, comme des cellules de clarté. — J’ai vu des eaux coulant à midi dans la plaine qui, plus loin, sous les roches opaques glissées, y firent ruisseler des trésors amassés de dorures.

Mais, Nathanaël, je ne veux te parler ici que choses, — non point de

l’invisble réalité — car
… comme ces algues merveilleuses