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Promenades.

Être me devenait énormément voluptueux. J’eusse voulu goûter toutes les formes de la vie ; celles des poissons et des plantes. Sur toutes joies des sens j’enviais celles du toucher. —

Un arbre isolé, dans une plaine, à l’automne, complètement environné d’ondée ; ses feuilles roussies tombaient : je pensais que l’eau abreuvait pour longtemps ses racines, dans la terre profondément imbibée. — À cet âge mes pieds nus étaient friands du contact de la terre mouillée, du clapot des flaques, de la fraîcheur ou de la tiédeur de la boue. — Je sais pourquoi j’aimais tant l’eau et surtout les choses mouillées : c’est que l’eau plus que l’air nous donne la sensation immédiatement différente de ses températures variées. — J’aimais les souffles mouillés de l’automne… Pluvieuse terre de Normandie !…

*
La Roque.

Les chariots sont rentrés chargés de moissons odorantes.

Les greniers se sont emplis de foin.