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IV

Ce soir, dans les jardins qui sont au pied de la colline de Fiesole, à mi-chemin entre Florence et Fiesole, dans ces mêmes jardins où, du temps de Boccace, Pamphile et Fiametta chantaient, — le jour trop lumineux achevé — dans la nuit point ténébreuse, Simiane, Tityre, Ménalque, Nathanaël, Hélène, Alcide et quelques autres étaient assemblés.

Après un demi-repas de friandises que la grande chaleur nous avait permis de prendre sur la terrasse, nous étions descendus dans les allées et maintenant, après des musiques, nous errions sous les lauriers et les chênes, attendant l’heure où nous étendre sur l’herbe, près des sources qu’un bosquet de chênes verts abritait, et nous reposer longuement de la fatigue du grand jour.

J’allais de groupe en groupe, et n’entendais que des propos sans suite, encore que tous parlassent de l’amour.

— Toute volupté, disait Eliphas, est bonne, et a besoin d’être goûtée.