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suivant, de cédrats, de limons, de concombres, d’épices variées et de diverses friandises ; puis, comme je vous plus et que je me plaignais de ma fatigue, vous voulûtes me garder la nuit, près de vos deux sœurs, et des trois kalendars fils de roi. Et nous nous occupâmes chacun, tour à tour, d’écouter les autres, chacun racontant son histoire. Quand vint mon tour de raconter : Avant de vous avoir rencontrée, Zobéide, dis-je, je n’avais pas d’histoire en ma vie ; maintenant comment en aurais-je ? N’êtes-vous pas toute ma vie ? — Et ce disant le porteur se bourrait de fruits. (Je me souviens que, tout enfant, je rêvais des confitures sèches dont il est tant question dans les mille et une et une nuits. J’en ai mangé depuis, qui sont à l’essence de roses, et un ami m’a parlé de celles qu’on fait avec les letchis.)

Ariadne, je suis le passager Thésée
Qui vous abandonne à Bacchus,
Pour pouvoir continuer ma route.

Eurydice, ma belle, je suis pour vous Orphée
Qui d’un regard, dans les enfers, vous répudie,
Importuné d’être suivi.

puis — Mopsus chanta la

BALLADE
DES BIENS IMMEUBLES

Quand la rivière commença à monter,
Il y en eut qui se réfugièrent sur la montagne ;