CHAPITRE XIV
Vers dix heures, Bernard s’amena chez Édouard, avec un sac à main qui suffisait à contenir le peu de vêtements, de linge et de livres qu’il possédait. Il avait pris congé d’Azaïs et de Madame Vedel, mais n’avait pas cherché à revoir Sarah.
Bernard était grave. Sa lutte avec l’ange l’avait mûri. Il ne ressemblait déjà plus à l’insouciant voleur de valise qui croyait qu’en ce monde il suffit d’oser. Il commençait à comprendre que le bonheur d’autrui fait souvent les frais de l’audace.
— Je viens chercher asile près de vous, dit-il à Édouard. De nouveau me voici sans gîte.
— Pourquoi quittez-vous les Vedel ?
— De secrètes raisons… permettez-moi de ne pas vous les dire.
Édouard avait observé Bernard et Sarah, le soir du banquet, assez pour comprendre à peu près ce silence.
— Suffit, dit-il en souriant. Le divan de mon atelier est à votre disposition pour la nuit. Mais il me faut vous dire d’abord que votre père est venu hier me parler. Et il lui rapporta cette partie