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prises ; mais qu’il m’a fallu déjà, je l’avoue, quelque habileté pour… circonscrire, sans nuire aux intérêts de la justice. Devant une récidive… d’une toute autre nature, je m’empresse de l’ajouter… je ne puis répondre que le jeune Georges s’en tire à aussi bon compte. Je doute même s’il est dans l’intérêt de l’enfant de chercher à l’en tirer, malgré tout le désir amical que j’aurais d’épargner ce scandale à votre beau-frère. J’essaierai pourtant ; mais j’ai des agents, vous comprenez, qui font du zèle, et que je ne peux pas toujours retenir. Ou, si vous préférez, je le peux encore ; mais demain je ne le pourrai plus. Voici pourquoi j’ai pensé que vous devriez parler à votre neveu, lui dire à quoi il s’expose…

« La visite de Profitendieu, pourquoi ne pas l’avouer, m’avait d’abord terriblement inquiété ; mais depuis que j’avais compris qu’il ne venait ni en ennemi, ni en juge, je me sentais plutôt amusé. Je le devins bien davantage lorsqu’il reprit :

« — Depuis quelque temps, des pièces de fausse monnaie circulent. J’en suis averti. Je n’ai pas encore réussi à découvrir leur provenance. Mais je sais que le jeune Georges, — tout naïvement, je veux le croire, — est un de ceux qui s’en servent et les mettent en circulation. Ils sont quelques-uns, de l’âge de votre neveu, qui se prêtent à ce honteux trafic. Je ne mets pas en doute qu’on n’abuse de leur innocence et que ces enfants sans discernement ne jouent le rôle de dupes entre les mains de quelques coupables aînés. Nous aurions déjà pu nous saisir des