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CHAPITRE VII


Olivier, cependant, désolé de n’avoir pas rencontré l’oncle Édouard, et ne pouvant supporter sa solitude, pensa retourner vers Armand son cœur en quête d’amitié. Il s’achemina vers la pension Vedel.

Armand le reçut dans sa chambre. Un escalier de service y menait. C’était une petite pièce étroite, dont la fenêtre ouvrait sur une cour intérieure où donnaient également les cabinets et les cuisines de l’immeuble voisin. Un réflecteur en zinc gondolé cueillait le jour d’en haut et le rabattait tout blafard. La pièce était mal aérée ; il y régnait une pénible odeur.

— Mais on s’y fait, disait Armand. Tu comprends que mes parents réservent les meilleures chambres pour les pensionnaires payants. C’est naturel. J’ai cédé celle que j’occupais l’an passé à un vicomte : le frère de ton illustre ami Passavant. Elle est princière ; mais sous la surveillance de celle de Rachel. Il y a un tas de chambres, ici ; mais toutes ne sont pas indépendantes. Ainsi la pauvre Sarah, qui est rentrée d’Angleterre ce matin, pour gagner sa nouvelle turne, elle est forcée de passer par la