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V


Il ne faut prendre, si je ne me trompe, que la fleur de chaque objet…
Fénelon


Olivier, de retour à Paris depuis la veille, s’était levé tout reposé. L’air était chaud, le ciel pur. Quand il sortit, rasé de frais, douché, élégamment vêtu, conscient de sa force, de sa jeunesse, de sa beauté, Passavant sommeillait encore.

Olivier se hâte vers la Sorbonne. C’est ce matin que Bernard doit passer l’écrit. Comment Olivier le sait-il ? Mais peut-être ne le sait-il pas. Il va se renseigner. Il se hâte. Il n’a pas revu son ami depuis cette nuit que Bernard est venu chercher refuge dans sa chambre. Quels changements, depuis ! Qui dira s’il n’est pas encore plus pressé de se montrer à lui que de le revoir ? Fâcheux que Bernard soit si peu sensible à l’élégance ! Mais c’est un goût qui parfois vient avec l’aisance. Olivier en a fait l’épreuve, grâce au comte de Passavant.

C’est l’écrit que Bernard passe ce matin. Il ne sortira qu’à midi. Olivier l’attend dans la cour. Il reconnaît quelques camarades, serre des mains ;