« — Rachel, lui dis-je, ne soyez pas confuse d’avoir à me demander cela. Je suis heureux de pouvoir vous obliger.
« Elle me regarda gravement :
« — Ce qui m’est pénible, c’est de devoir vous prier de n’en parler ni à grand-père, ni à maman. Depuis qu’ils m’ont confié les comptes de la pension, je leur laisse croire que… enfin ils ne savent pas. Ne leur dites rien, je vous en supplie. Grand-père est vieux, et maman se donne tant de mal.
« — Rachel, ce n’est pas elle qui se donne tout ce mal… C’est vous.
« — Elle s’est donné beaucoup de mal. À présent elle est fatiguée. C’est mon tour. Je n’ai rien d’autre à faire.
« Elle disait tout simplement ces mots tout simples. Je ne sentais dans sa résignation nulle amertume, mais au contraire une sorte de sérénité.
« — Mais n’allez pas croire que cela aille très mal, reprit-elle. Simplement c’est un moment difficile, parce que certains créanciers se montrent impatients.
« — J’ai entendu tout à l’heure la bonne parler d’un maître répétiteur qui réclamait son dû.
« — Oui ; il est venu faire à grand-père une scène très pénible, que malheureusement je n’ai pas pu empêcher. C’est un homme brutal et vulgaire. Il faut que j’aille le payer.
« — Souhaitez-vous que j’aille à votre place ?
« Elle hésita un instant, s’efforçant en vain de sourire.