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« — Monsieur Bernard et Monsieur Boris sont sortis.

« — Eh bien ! et Monsieur Armand ?… Dépêchez-vous.

« Puis, sans attendre que la bonne soit sortie :

« — Cette pauvre fille arrive de Strasbourg. Elle n’a aucune… On est obligé de tout lui dire… Eh bien ! qu’est-ce que vous attendez ?

« La servante se retourna comme un serpent à qui l’on aurait marché sur la queue :

« — Il y a en bas le répétiteur, qui voulait monter. Il dit qu’il ne s’en ira pas avant d’être payé.

« Les traits de Madame Vedel exprimèrent un ennui tragique.

« — Combien de fois devrai-je encore répéter que ce n’est pas moi qui m’occupe des affaires de règlements. Dites-lui qu’il s’adresse à Mademoiselle. Allez !… Pas une heure tranquille ! Je ne sais vraiment pas à quoi pense Rachel.

« — Nous ne l’attendons pas pour le thé ?

« — Elle n’en prend jamais… Ah ! cette rentrée nous donne bien du souci. Les maîtres répétiteurs qui se proposent demandent des prix exorbitants ; ou, quand leurs prix sont acceptables, c’est eux-mêmes qui ne le sont pas. Papa a eu à se plaindre du dernier ; il s’est montré beaucoup trop faible avec lui ; à présent, c’est lui qui menace. Vous avez entendu ce que disait la petite. Tous ces gens ne songent qu’à l’argent… comme s’il n’y avait rien de plus important au monde… En attendant, nous ne savons pas comment le remplacer. Prosper croit