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la rentrée. Mais, de toute manière, il importait de vous pressentir. Il faudrait tenir plusieurs numéros tout préparés avant octobre et il serait nécessaire de beaucoup nous voir cet été, pour en parler. Qu’est-ce que vous comptez faire pendant ces vacances ?

— Oh ! je ne sais pas trop. Mes parents vont probablement aller en Normandie, comme tous les étés.

— Et il faudra que vous les accompagniez ?… Accepteriez-vous de vous laisser un peu décrocher ?…

— Ma mère ne consentira pas.

— Je dois dîner ce soir avec votre frère ; me permettez-vous de lui en parler ?

— Oh ! Vincent, lui, ne viendra pas avec nous.

— Puis, se rendant compte que cette phrase ne correspondait pas à la question, il ajouta : — Et puis cela ne servirait à rien.

— Pourtant, si l’on trouve de bonnes raisons à donner à la maman ?

Olivier ne répondit rien. Il aimait tendrement sa mère et le ton persifleur que Robert avait pris en parlant d’elle lui avait déplu. Robert comprit qu’il était allé un peu trop vite.

— Alors, vous appréciez mon porto, dit-il par manière de diversion. En voulez-vous encore un verre ?

— Non, non, merci… Mais il est excellent.

— Oui, j’ai été très frappé de la maturité et de la sûreté de votre jugement, l’autre soir. Vous n’avez pas l’intention de faire de la critique ?

— Non.